FRANCE BONAPARTISTE

Démocratie - Citoyenneté - Souveraineté

 

Entretien avec Thierry CHOFFAT ...

Président du C.E.R.B.

Vice président de FRANCE BONAPARTISTE 

 



 

 

pouvez vous nous donner une définition du bonapartisme ?

Donner une définition claire, satisfaisante du bonapartisme n'est pas toujours aisé. Essentiellement parce que ce courant politique majeur a plus de deux siècles d'existence et que par conséquent, il est passé par des évolutions naturelles.
         S'il fallait synthétiser, je dirais qu'il existe deux types de définitions du bonapartisme politique :
         1) Un attachement à la Famille Impériale ainsi qu'au système politique et institutionnel napoléonien.
         2) Une version plus récente qui, éventuellement, pourrait se détacher de toute velleité dynastique, ne retenant du bonapartisme que ses principales notions (d'autorité, d'appel au peuple, de réformes sociales...) sans faire référence aux sources historiques que sont les expériences des Premier et Second Empire ou encore les écrits des Napoléon. Il s'agit dès lors d'une sorte de "Césarisme" ou, comme le caractérisait de Cassagnac, de "N'importequinisme".
         Bref, pour reprendre Guizot, le bonapartisme serait la conjugaison de l'ordre et de la démocratie, la gloire nationale, la stabilité, l'autorité et les principes révolutionnaires.

* quelle la différence entre le bonapartisme originel et le bonapartisme moderne ?

  Tout d'abord, précisons que le bonapartisme, phénomène historique bicentenaire (on en a des marques dès 1796 avec la campagne d'Italie) a toujours su rester moderne car il se devait d'évoluer sans cesse sous peine de disparaître. Il ne partage pas les notions figées du traditionnalisme, de la volonté de revenir à un "âge d'or" (l'ancien régime par exemple pour bien des royalistes). Pour être viable, le bonapartisme doit donc toujours se rénover, rester moderne, dans son acception et dans sa pratique.

         Ainsi, il doit perpétuer ses principaux points "idéologiques" (Autorité, démocratie, progrès social...) tout en s'adaptant aux circonstances. Par exemple, le bonapartisme des années 1930 axait essentiellement son programme sur la fiscalité, sur l'antiparlementarisme.
         Aujourd'hui, le "bonapartisme moderne" a, à mon sens, connu une double évolution : un reflux de ses positions dynastiques (en partie à cause de l'absence ou de l'effacement des prétendants) et dans le même temps, un approfondissement de ses réflexions doctrinales, en insistant sur la défense de la souveraineté, ou plutôt des souverainetés, nationales et populaires (notamment en raison de la construction technocratique de l'Europe et de l'éloignement toujours plus fort des citoyens avec leurs "élites" politiques

 

* quels sont les problèmes de la France actuellement ?

Je ne suis pas sûr que la place que vous consacrerez à mon entretien me permettra de lister la totalité des problèmes que connaît la France actuellement.
         La liste est longue, mais je la résumerais en quelques évidences : l'absence de repères (historiques, culturelles, moraux...), la perte d'identité, la perte de confiance (dans nos gouvernants, dans l'avenir, personnel et sociétal...), la panne de l'ascenseur social, avec la crise de l'éducation, qui, on l'oublie trop, assurait la promotion des meilleurs, tout comme l'armée ou d'autres talents pouvait faire sous la Révolution et sous l'Empire, d'un soldat un maréchal !
         Enfin, plus visible, citons l'insécurité, la crise économique, le chômage, les retraites...

 

* quelles sont les solutions proposées par FRANCE BONAPARTISTE ?

Je ne crois pas que le bonapartisme ait une vision messianique de l'histoire ni qu'il ait une solution ou des solutions toutes faites. Le bonapartisme n'a déjà pas de doctrine figée, pas de système idéologique (comme le marxisme par exemple) expliquant le monde et son évolution. Le bonapartisme, c'est essentiellement du pragmatisme mâtiné  de grandes notions, d'une certaine philosophie de la politique. Encore une fois, l'appel au peuple, l'autorité, l'ordre, des réformes sociales justes, la stabilité gouvernementale, la gloire de la France, un exécutif fort...

 

* votre analyse du 21 avril ?

Une analyse simple. Au delà des apparences les plus visibles, j'y voie certes la montée des extrêmes (n'oublions pas que les voix cumulées des l'extrême gauche et de l'extrême droite représentent sensiblement un électeur sur trois), mais surtout le rejet de la classe politique classique.


         Aujourd'hui, on nous présente 2 mastodontes, l'UMP et le PS, écrasant tout sur leur passage. Une fois c'est moi, une fois c'est toi. Mais, regardons de plus près. Depuis pas mal d'échéances électorales, les représentants de ses deux camps ne représentent qu'une infime minorité de Français. En clair, le pourcentage d'inscrits (et encore, ne prenons pas en compte ceux qui ne font pas l'effort de s'inscrire sur les liste électorales), votant pour Chirac ou Jospin (ou leurs "clones") ne cesse de s'effondrer ! Cela est un signe grave dans notre démocratie.

 

* comment expliquez-vous le déclin du bonapartisme et son retour ?

        Le déclin s'explique par de multiples raisons cumulatives : la perte d'originalité idéologique et électorale (avec en particulier l'alliance avec les conservateurs et les royalistes dès 1876), l'absence de chef alors que de manière évidente, le bonapartisme tourne essentiellement autour de cette notion césariste d'un chef, l'absence de prétendant (depuis 1940, mais aussi plus tôt avec des querelles au sommet dès 1879 voire avant), l'absence de formation clairement bonapartiste depuis la dissolution du Parti de l'Appel au Peuple en mai 1940. Si cette décision se comprenait fort bien à l'époque, on ne peut que regretter une quelconque "résurrection" en 1945 !


        Enfin, signalons l'installation définitive de la République, son ancrage et sa popularité après 1918 qui fait que toute attaque institutionnelle de ce côté là ne pouvait qu'échouer.
        
        Quant aux raisons d'un retour du bonapartisme, j'y vois surtout la place laissée vacante par ceux là même qui, depuis un demi-siècle, pouvaient être considérés comme des héritiers spirituels du bonapartisme.
        Puisqu'en 1945, le bonapartisme a disparu de la surface, il a très vite été remplacé, les militants, les éventuels bonapartistes allant d'abord rejoindre Paul Reynaud puis en masse le général de Gaulle. De 1947-1947 à 1969, le nouveau bonapartisme était incarné dans le gaullisme. Force est de constater que ce gaullisme orthodoxe a lui aussi disparu corps et bien. Les héritiers du général, comme ceux des empereurs, se sont retrouvés bien orphelins. D'où la renaissance d'un bonapartisme qui n'est plus représenté par un courant politique visible